mercredi 22 juillet 2009

FAUT-IL ABANDONNER EDF POUR ALLEGER SA FACTURE ?

Les concurrents de l'opérateur historique devraient répercuter la hausse annoncée des tarifs

CONSOMMATION

Si EDF augmente de 20 % les tarifs réglementés de l’électricité, comme le réclame son PDG, Pierre Gadonneix, ses abonnés ont-ils intérêt à aller voir les fournisseurs concurrents ? Pas sûr.

Ces derniers devraient en effet répercuter mécaniquement la hausse. " Nos tarifs sont indexés sur les tarifs réglementés d'EDF, mais 10 % moins chers ", assure-t-on, chez Poweo et Direct Energie.

" Cela dit, si EDF changeait aussi radicalement sa politique commerciale, nous nous interrogerions sur notre stratégie ", précise Xavier Caitucoli, PDG de Direct Energie.

Quant à GDF Suez, il garantit des prix fixes sur un ou deux ans, mais il attendra une décision du gouvernement pour " décider d'éventuelles implications " sur ses tarifs.

Avant d'aller voir les offres de marché, mieux vaut savoir à quoi l'on s'expose : en l'état actuel de la législation, on ne pourra plus revenir au secteur réglementé, après le 1er juillet 2010. Et encore : le consommateur, qui opterait pour une offre de marché le 2 janvier 2010, serait pris au piège, car il faut un délai de six mois pour être réadmis.

L'irréversibilité existe déjà pour le gaz : un locataire qui, par exemple, a souscrit un contrat mixte électricité-gaz chez EDF, en se disant que ce serait mieux d'avoir une seule facture, qui plus est chez un opérateur historique, a ainsi fait basculer son logement dans le secteur de marché pour le gaz, EDF n'ayant pas le droit de proposer de tarifs réglementés pour ce type d'énergie. Le locataire n'a plus le droit de s'adresser à GDF Suez, seul fournisseur à proposer du gaz au tarif réglementé. La commission Champsaur, chargée d'un état des lieux et de recommandations sur " l'organisation du marché de l’électricité " en France, a demandé que tous les opérateurs puissent offrir des tarifs réglementés. Mais sera-t-elle entendue par le législateur ?

En 2008, l'UFC-Que choisir conseillait de conserver ses anciens contrats, en notant que " chez nos voisins européens, l'ouverture des marchés de l'énergie s'est traduite par une hausse spectaculaire des prix libres ". En Allemagne, par exemple, la facture mensuelle d'un ménage moyen a augmenté de 50 % entre 2000 et 2007, selon la Fédération allemande des organisations de consommateurs (VZBV). Pour l'UFC, " le risque de voir grimper les prix de vente de l'énergie sur le marché dérégulé est bien réel ".

Méthodes déloyales

La plupart des abonnés à EDF ne souhaitent d'ailleurs pas changer d'opérateur, ce qui amène certains démarcheurs à pratiquer des méthodes commerciales déloyales. " M. et Mme B. ont changé de fournisseur à leur insu, ils l'ont appris en recevant une facture de résiliation de leur fournisseur habituel, alors qu'ils n'avaient pas engagé de démarche pour en changer ", raconte le médiateur de l'énergie, dans son rapport 2008. Bien que ce type de litige ne relève pas de sa compétence, le médiateur indique être intervenu 6 000 fois auprès de fournisseurs pour obtenir que ses abonnés reviennent à leur contrat initial, " essentiellement chez EDF ".

54 % des saisines relatives à des pratiques commerciales contestées concernaient GDF Suez, 29 % Direct Energie, et 6 % Poweo.

En janvier, le maire communiste d'Houdain (Pas-de-Calais) a pris un arrêté interdisant à Poweo de démarcher sur sa commune.

Selon plusieurs habitants, ses commerciaux se seraient fait passer pour des agents d'EDF venus contrôler les factures des abonnés. " Nos démarcheurs ont contesté s'être jamais fait passer pour tels ", assure Charles Beigbeder, le fondateur et président de Poweo. Direct Energie s'est en revanche séparé de plusieurs commerciaux indélicats.

Si un consommateur souhaite souscrire une offre de marché, il devra prendre sa calculette, la commission de régulation de l'énergie n'ayant prévu de comparateur de prix que pour la fin de l'année.

Il faudra additionner:

  • le prix de l'abonnement,
  • celui du kilowattheure toutes taxes comprises,
  • éventuellement ses différents niveaux pour les heures pleines et les heures creuses,
  • la durée d'engagement du contrat,
  • ainsi que les frais pouvant être imposés en cas de résiliation de celui-ci.

Des informations souvent bien cachées sur les sites des fournisseurs.

Rafaële Rivais

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De 11 à 13 centimes le kilowattheure

Si un consommateur souhaite souscrire une offre de marché, il devra:
d'abord voir quels sont les fournisseurs disponibles, sur le site Energie-info.fr. Celui-ci n'indique pas les parts de marché des uns et des autres, ces informations étant tenues secrètes. Il semble qu'EDF desserve quelque 30 millions de foyers résidentiels, et la concurrence 1 million seulement, les trois opérateurs principaux étant GDF Suez, Direct Energie et Poweo.

Actuellement, le prix du kilowattheure TTC, " option base ", pour une puissance de 3 kilovolts-ampère, est de :

  • 13 centimes d'euro chez EDF-tarif réglementé et GDF Suez,
  • 12 centimes chez Poweo et Direct Energie,
  • et 11 centimes chez EDF- offre de marché.

Mais attention aux abonnements :

  • C'est chez Poweo, Direct Energie et EDF-tarif réglementé qu'il est le moins cher, à 24,84 euros par an.
  • Il s'élève à 24,99 euros chez GDF Suez,
  • et il est beaucoup plus cher chez EDF-offre de marché,à 68,93 euros.

Sur le Web

  • Médiateur de l'énergie, www.energie-mediateur.fr. Tél. : 0810-112-212.
  • Énergie-info.fr, le site d'information pour les consommateurs.

mardi 21 juillet 2009

Le prix actuel des lampes basse consommation n'est pas justifié

Hervé Lefebvre est chef du département Marché et services d’efficacité énergétique à l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Il analyse les avantages et les inconvénients des ampoules basse consommation.

Une partie des ampoules à incandescence est désormais retirée du marché.

Quel impact est attendu de ce premier pas vers le retrait total des ampoules traditionnelles ?

La part des ampoules de 100 watts est marginale sur le marché, le gros étant constitué par les lampes de 60 et 75 watts. Mais cela donne un signal.

Un planning est prévu pour la suite : disparition des ampoules de 75 W en décembre pour finir par celles de 25 W le 31 décembre 2012.
Cette décision n’est pas issue d’une réglementation, mais d’un accord volontaire entre les enseignes assurant la plupart des ventes, représentées par la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) et celle des magasins de bricolage, avec le ministère de l’Écologie.

Ce retrait anticipe la réglementation européenne, qui entrera en vigueur le 1 er septembre et visera les ampoules incandescentes de 100 W, mais aussi les halogènes de plus de 75 W de classe D et E, et les ampoules fluocompactes (basse consommation) de classe B.

Une économie qui équivaudra à un réacteur nucléaire.

En 2016, le remplacement des incandescentes par des « basse conso » permettra une économie jusqu’à 9 térawatts-heure* en France (dont 6 TWh pour le secteur résidentiel), soit la production d’un réacteur nucléaire.

Car ces ampoules consomment quatre à cinq fois moins d’énergie, soit une économie moyenne de 33 euros par an et par famille.
Mais si elles durent jusqu’à huit fois plus longtemps, elles coûtent dix fois plus cher.

Est-ce un handicap à leur décollage ?

En 2007, 69 % des ménages possédaient au moins une lampe à économie d’énergie, et ils en ont en moyenne entre cinq et huit par foyer. Les gens ont donc adhéré, alors que les « incandescentes » ne sont pas encore retirées du marché.
Ceci dit, nous trouvons que le prix des lampes fluocompactes n’est, aujourd’hui, pas justifié.

Les prix vont de 2 à 18 euros, et on trouve de tout sur le marché car il n’existe pas de charte qualité.

Les produits de marque coûtent 12 euros en moyenne, ceux de marque de distributeur 7 ou 8 euros.

Or, le coût de production est d’environ 1,50 euro.
Nous estimons qu’un coût raisonnable se situerait autour de 5 euros.

Les industriels seront obligés de baisser leurs prix pour ne pas se faire prendre des parts de marchés par de nouveaux importateurs.

Pour l’instant, ils engrangent un maximum de retour sur investissement pour continuer à faire de la recherche, notamment sur les LED (diodes électroluminescentes).

Les LED vont-elles remplacer rapidement les lampes fluocompactes ?

On en trouve déjà sur le marché, avec des prix de 15 à 45 euros, mais certaines sont de mauvaise qualité et n’éclairent pas, car il n’existe pas encore de normalisation de leur capacité photométrique.

L’Ademe soutient les actions de recherche sur ces solutions d’éclairage, mais ne communique donc pas sur le sujet, en attendant que des référentiels de qualité sur les LED soient élaborés.

Le marché devrait se structurer dans deux ou trois ans pour le secteur professionnel, et cinq ans pour le résidentiel.

Certains reprochent aussi aux lampes basse consommation leur capacité d’éclairage, un peu blafarde…

80 % de la production mondiale est fabriquée en Chine, qui s’adapte à la demande mondiale, plus portée sur des couleurs froides, et n’a pas de production dédiée pour la France, où on préfère les couleurs chaudes.

Mais on pourra bientôt choisir sa température de couleur, et donc choisir entre une lumière froide ou chaude, car dès le 1 er septembre 2010 cette indication sera obligatoire sur l’emballage des lampes.

Du mercure et des champs électromagnétiques

Les fluocompactes ont-elles des effets néfastes pour la santé ?

Elles contiennent du mercure — contrairement aux ampoules incandescentes, mais comme tous les tubes fluorescents — et sont donc classées déchet dangereux.

Mais c’est un problème devenu un avantage. Alors que les lampes incandescentes sont jetées au tout-venant, une filière de recyclage a été mise en place pour les fluocompactes.

Elles peuvent être rapportées au point de vente, et 93 % de leur poids est recyclable.
La question de leurs champs électromagnétique pose plus de difficulté car nous n’avons pas de données, mais au second semestre 2009, nous allons lancer une campagne de mesures sur la base d’un protocole défini par l’Afsset (Agence de sécurité sanitaire de l'environnement).

Quant à leur impact sur la santé, il existe seulement une étude de la Commission européenne, qui dit, de façon un peu ambiguë, que les lampes basse conso n’ont pas d’effet néfaste sur les personnes déjà malades.
Mais il n’existe pas d’analyse sur d’impact sur les gens en bonne santé.

Difficile dans ces conditions d’émettre des recommandations, et l’on attend les résultats de la campagne de mesures.

De notre bureau parisien
Propos recueillis par Simon Barthélémy.

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Inconvénients au niveau de l'environnement

La présence de poudres fluorescentes et de vapeur de mercure dans le tube, non dangereuses en cours d'utilisation, fait que ces lampes constituent un déchet dangereux sur le plan écologique nécessitant une élimination particulière.

Des services de récupération existent désormais mais sont parfois méconnus du grand public, qui devrait rapporter les anciens tubes aux revendeurs.

En France, des services de récupération sont mis en place par l'organisme Recyclum : les vendeurs reprennent toutes les fluos (compactes ou tubes) et les diodes.

Attention, les fluocompactes ont un nombre de cycles marche/arrêt limité (indiqué maintenant sur la boite), ce qui les rend inintéressantes pour les lieux de passage : couloir, toilettes etc.

Beaucoup ne s'allument que progressivement (elles n'atteignent leur pleine luminosité qu'après plus ou moins une minute), mais les gammes à allumage immédiat se développent.

Parce qu'elle contient une moyenne de 5mg de mercure, la fluocompacte est considérée comme un déchet dangereux.
L'Agence de protection environnementale des États-Unis (APE), estime que 800 millions de lampes fluorescentes sont jetées chaque année, ce qui provoquerait la contamination au mercure de 81 000 km² d'eau.
Il est dorénavant interdit de jeter ces ampoules avec les ordures ménagères. La réglementation européenne DEEE impose aux distributeurs de reprendre les anciennes ampoules basse consommation lorsqu'on lui en achète une neuve (attention : seules les ampoules basse consommation et, d'une manière générale, les lampes autres qu'à filament sont concernées. Les ampoules classiques doivent, elles, suivre le chemin des ordures ménagères). On peut également déposer ces lampes dans une déchetterie, si celle-ci les accepte. L'éco-organisme Récylum, seule structure agréée en France, s'occupera alors de la collecte et du recyclage des lampes basse consommation.Il assure, pour les industriels adhérents, l’enlèvement et le recyclage des lampes collectées sélectivement sur tout le territoire national (DOM compris).Certaines agglomérations, proposent depuis longtemps d’ailleurs des collectes régulières des produits toxiques ménagers, dont font partie ces ampoules.
Pour que le bilan de ces ampoules soit positif, il faut les recycler, et acheter des produits de qualité (éviter les modèles fabriquées dans les pays asiatiques dans des conditions environnementales et sociales assez médiocres).

En outre l'impact de l'éclairage chez les particulier sur la consommation électrique globale consacrée à l'éclairage d'un pays n'est que de 10 à 20 % alors même que le tertiaire représente le gros consommateur d'électricité pour l'éclairage et que celui-ci (magasins ou bureaux) ont de plus en plus privilégié l'éclairage halogène, la fluorescence ayant mauvaise presse.

Quant à l'impact de l'éclairage chez les particulier sur la consommation électrique globale tous secteurs confondus (éclairage, ferroviaire, industrie en général et de l'aluminium en particulier) il est minime.

L'éclairage chez les particuliers représente 14 % de leur consommation d'électricité : avec des fluos, on peut donc diviser cette part par 5, et plus en utilisant des diodes (1 à 5 W, pour des points lumineux multiples déjà très efficaces).